Dominique de Villepin était l’invité de Frédéric Rivière sur Radio France Internationale, ce jeudi matin.
Interrogé sur la situation en Lybie, le Président de République Solidaire a déclaré: « L’objectif militaire de cette opération c’est d’empêcher les massacres, ce n’est pas de nous substituer aux Libyens eux mêmes pour choisir leurs dirigeants. Un véritable dialogue de réconciliation doit s’engager en Libye. »
Non à un « commandement de l’OTAN » sur les opérations militaires en Lybie
Dominique de Villepin a réaffirmé jeudi son opposition à « une direction ou un commandement de l’OTAN » pour les opérations militaires menées en Libye qui, a-t-il estimé, favoriserait rapidement « un retournement de l’opinion arabe ».
« Un commandement OTAN serait inacceptable », a estimé sur RFI l’ancien ministre des affaires étrangères, célèbre dans les pays arabes pour avoir porté le « non » français à la guerre en Irak en 2003 à l’ONU.
« On est dans la phase où on essaye de s’arranger pour prendre en compte les impératifs des uns et des autres et l’on distingue un pilotage politique d’un engagement OTAN », a constaté M. de Villepin.
« Brandir l’étendard de l’OTAN dans cette région du monde, c’est méconnaître les mentalités et préparer très rapidement un retournement de l’opinion arabe », a-t-il fait valoir. « Pas de direction, pas de commandement OTAN », a-t-il martelé.
Pour l’ancien Premier ministre, après le temps de l’intervention, vient aujourd’hui celui des questions.
« Il fallait intervenir et j’ai salué le vote de la résolution à l’initiative de la France. Mais, aujourd’hui, nous devons nous poser des questions et en particulier celles de nos lignes rouges », a-t-il lancé en rappelant les limites qu’il souhaite voir fixer à l’intervention militaire: pas d’intervention au sol, pas de direction OTAN et pas de renversement du régime comme objectif de guerre.
« L’objectif, c’est d’empêcher les massacres, ce n’est pas de nous substituer aux Libyens eux-mêmes pour choisir leur dirigeant », a-t-il fait valoir en pointant cependant « un risque de gel de la situation sur le terrain » qui entraînerait une « probable partition de la Libye ».
Pour M. de Villepin « la communauté internationale doit maintenir sur la durée sa pression » sur le régime libyen avec des sanctions économiques et financières et la menace d’un défèrement de Kadhafi et des siens devant la cour pénale internationale ».
« Il y a enfin dans la crise libyenne quelque chose d’inacceptable, c’est le deux poids deux mesures », a-t-il ajouté en citant les conflits en cours en Côte-d’Ivoire et au Yémen.
Source: Agence France Presse
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Un ministre doit savoir « prendre en compte sa conscience »
L’ancien Premier ministre Dominique de Villepin a estimé jeudi qu’un ministre doit « prendre en compte sa conscience », à propos de la consigne de silence rappelée mercredi aux ministres par Nicolas Sarkozy après la cacophonie à droite sur le FN.
« Je comprends la question que se pose l’UMP qui est de ne pas froisser un certain nombre d’électeurs qui sont susceptibles d’être importants pour l’avenir. Mais sur les principes, je crois qu’il ne faut pas transiger et l’on ne transige pas avec le FN », a expliqué le président de République solidaire sur RFI.
« Et, c’est là que je mettrais un bémol à la déclaration de Nicolas Sarkozy a ses ministres », a-t-il ajouté.
« Un ministre, il a, quoi qu’on veuille, une conscience. Il doit prendre en compte cette conscience. Devant la menace que représente pour nos valeurs le FN, on ne transige pas », a-t-il fait valoir en rappelant son appel à un vote républicain contre le FN.
Nicolas Sarkozy a profité mercredi du Conseil des ministres pour appeler les membres du gouvernement à jouer « collectif » après la cacophonie suscitée au sein de l’UMP par les consignes de vote pour le second tour des cantonales.
Le président de la République a notamment rappelé « qu’un ministre n’a pas à donner d’opinion personnelle » et doit « être solidaire de l’équipe ».
La consigne du « ni-ni » (ni vote pour le FN, ni front républicain avec la gauche) fixée par Nicolas Sarkozy pour le second tour des cantonales, dimanche, a créé ces derniers jours de vives tensions au sein de la majorité. Les ministres Valérie Pécresse et Nathalie Kosciusko-Morizet ont notamment dit qu’à titre personnel elles voteraient pour la gauche face au Front national.
Interrogé sur une éventuelle utilisation du FN par le président Sarkozy, M. de Villepin a pointé « une responsabilité électorale et politique ».
« La responsabilité politique, c’est de traiter les préoccupations des Français, les problèmes de l’emploi, de la sécurité… et la responsabilité morale, c’est de ne pas jouer avec l’exaspération des Français à travers des débats comme l’identité nationale ou l’islam », a-t-il résumé.
Source: Agence France Presse