François Goulard, maire de Vannes et ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche du gouvernement de Dominique de Villepin, a donné dès mi-mai le top départ de sa campagne officielle aux législatives.
Un rendez-vous vital pour la suite de sa carrière, après son soutien à François Bayrou puis à Nicolas Sarkozy lors des élections présidentielles.
Affaibli, l’homme sort isolé de cette campagne présidentielle. Souhaitant rester « fidèle à ses convictions », le maire vannetais a pris le risque de miser Bayrou au premier tour. Une initiative jugée « courageuse » par ses proches. La démarche pouvait alors sembler cohérente. Goulard était définitivement Sarko-incompatible.
Question de formes : il ne supportait pas le vocabulaire « va-t’en-guerre » du ministre de l’Intérieur, ses prises de position « ostentatoires », son style impétueux voire autoritaire, son « arrogance » et ses manières de faire, parfois cavalières (en passant outre une décision de justice lors du teknival, notamment).
Question de fond aussi. Non ! Goulard, le « libéral humaniste », ne se retrouvait pas dans le programme du président de son parti. Trop « interventionniste », trop « étatiste », définitivement « incohérent ». Et puis, il y a eu le verdict des urnes. Bayrou pas qualifié pour le second tour ; Bayrou lâché par les siens, les « historiques » et les ralliés, Goulard, le premier.
En annonçant, moins de 24 h après le premier tour, qu’il voterait Sarkozy au second, le Vannetais a préféré la raison au cœur. Sauver les meubles à défaut de sauver la face. L’homme était encore persuadé qu’il pourrait assurer une « passerelle » entre le centre et la droite. Rester indispensable en assurant la réunion de l’UMP et de l’UDF face au PS. C’était sans compter sur les nombreuses autres personnalités qui pouvaient s’en charger. De Raffarin à Robien, en passant par Santini et Méhaignerie.
« Ces allers-retours UDF-UMP ont perturbé les militants », déplorait ce mercredi Josselin de Rohan, sénateur et big-boss de l’UMP morbihannaise. Un euphémisme. La manœuvre a reçu un accueil glacial dans son camp. L’UMP est en colère. Bon nombre de ses adhérents, dévoués corps et âmes au nouveau président de la République souhaiteraient aujourd’hui rendre à Goulard la monnaie de sa « félonnerie ». Il ne fait pas bon « trahir » en politique. Surtout quand celui que l’on a décidé de quitter a été porté au pouvoir…
Goulard y a laissé sa suppléante. Josiane Boyce, évincée de son mandat de déléguée de circonscription, livrée en pâture à la colère des sympathisants. Le dégât collatéral d’une guerre qui n’était pas vraiment la sienne. Plus ennuyeux, le Vannetais a aussi jeté un certain trouble au sein de son électorat local.
Goulard sait qu’il va devoir le reconquérir. A vitesse grand V. Rebondir, toujours, quitte à ferrailler en solitaire… voire avec le soutien des centristes du Mouvement démocrate. D’ailleurs, le parti de Bayrou a annoncé qu’il ne présenterait pas de candidat sur la première circonscription du Morbihan.
Seule une victoire, la plus large possible, permettra à François Goulard de reprendre la main. Histoire de prouver que sa stratégie était la bonne, qu’il pourra, lui, le futur ex-ministre qui « a osé dire attention » avant de dire « non », représenter « l’union de la droite et du centre » bretonne. Objectif : continuer d’incarner le leadership de droite dans une région où elle est en terre de mission. Préparer 2008 pour mieux rebondir en 2010.
Source: Le Mensuel du Morbihan