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Dominique de Villepin, invité d'Arlette Chabot dans A vous de juger sur France 2 (1/3)

Dominique de Villepin était, jeudi soir, l’invité de l’émission A vous de juger présentée par Arlette Chabot.

Situation en Lybie, risque sur les flux migratoires et Conseil Européen extraordinaire du 11 mars: le verbatim des interventions de Dominique de Villepin.

Sur la situation en Lybie

Il y a un rendez-vous qui a été fixé, à la demande de la France et du Royaume-Uni: le sommet extraordinaire du Conseil Européen qui se tiendra le 11 (…). Cet enjeu marque une double responsabilité, à mon avis, de la communauté internationale: Jean-François Copé l’a dit, c’est vrai, la mobilisation du Conseil de Sécurité pour définir les pressions, les sanctions, mais également une responsabilité particulière de l’Union Européenne (nous sommes riverains de la Méditerranée), en liaison avec la Ligue arabe. Et c’est là où se pose la question plus délicate: comment neutraliser le Colonel Kadhafi, faut-il aller jusqu’à une intervention militaire?

Je crois que c’est là où est la principale difficulté: poser le cadre qui empêchera le Colonel Kadhafi, éventuellement, de se retourner massivement contre son peuple, et là, je crois que nous avons un devoir de nous doter des outils, du cadre général qui permettra d’empêcher une telle éventualité. Ca suppose d’agir très rapidement. (…) C’est pour ça que se pose, en termes très urgents, la question de la zone d’exclusion aérienne.

Sur le risque de flux migratoires

D’abord, je crois qu’il faut rappeler fortement que ce qui se passe de l’autre côté de la Méditerranée est une chance pour nous. Il s’agit de mouvements de peuples, il s’agit de mouvements non-violents et de mouvements qui aspirent à la dignité et la justice. Nous n’avons pas entendu ces révolutions se faire au nom de l’islamisme ou au nom de la lutte contre Israël. Donc, c’est une chance qu’il nous faut saisir.

Alors que, parallèlement, on se prépare à d’éventuels risques migratoires: constatons d’abord que ce risque, aujourd’hui, est faible voire inexistant. Ce que nous constatons aujourd’hui, c’est une urgence de déplacement de population à l’intérieur du Maghreb, à la frontière avec la Tunisie, à la frontière avec l’Egypte et du côté du Niger. Dans un premier temps, il y a eu un mouvement sur Lampedusa qui ne s’est pas confirmé dans les jours qui ont suivi, donc c’est un mouvement qui est faible. Ce qui ne veut pas dire que dans les prochains mois, nous n’aurons pas des arrivages par contournement et par le fait que ces Etats, et c’est vrai pour l’ensemble des Etats du Maghreb, ne joueront plus leur rôle tampon par rapport à cette immigration venue notamment de pays du Sud du Sahara.

Mais nous avons des outils dont il faut nous doter face à des situations nouvelles: un droit d’asile européen (nous devons le mettre en place), faire en sorte qu’un fond de solidarité puisse aider les pays qui sont en première ligne pour accueillir les réfugiés de façon temporaire et faire en sorte que l’agence Frontex puisse effectivement avoir les moyens de traiter ces questions, mais je crois que ce serait une grande erreur que de céder à la peur en oubliant la chance que représentent ces événements.

Sur le Conseil Européen extraordinaire du 11 mars

L’un des grands enjeux du Conseil Européen du 11 mars, c’est la capacité à définir une politique spécifique vis-à-vis de ces Etats en transition démocratique, et je pense que nous n’avons pas aujourd’hui le bon statut qui nous permettrait de donner les outils à ses pays, de faire redémarrer leur économie, d’assurer la transition démocratique qui est nécessaire et je pense qu’il faut un statut spécifique vis-à-vis de ces Etats qui sont en transition.

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