Le procès-verbal, dont « Le Parisien – Aujourd’hui en France » a publié des extraits dans son édition de mardi, a été largement passé sous silence au fil de l’enquête, mais devrait ressurgir lors du procès. Il remonte au 25 septembre 2006.
Ce jour-là, l’ancien Ministre de l’Intérieur et prédécesseur de Nicolas Sarkozy à la tête du Conseil Général des Hauts-de-Seine, Charles Pasqua, est entendu par les juges de l’affaire Clearstream en qualité de partie civile.
Comme des dizaines d’autres personnalités, le nom de l’ancien ministre de l’Intérieur est apparu au détour des listings falsifiés et son audition, comme celle de toutes les autres victimes, est une formalité procédurale. Pourtant, au milieu de son interrogatoire, Charles Pasqua livre une information inattendue : Nicolas Sarkozy savait qu’une machination était ourdie contre lui deux ans avant que n’éclate l’affaire…
« Il me revient en mémoire une conversation que j’avais eue avec Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, dans les années 2003-2004, déclare ainsi Pasqua sur procès-verbal. Il m’avait indiqué qu’il savait qu’une machination était montée contre lui (…). A cette époque-là, je n’avais pas entendu parler de Clearstream et lui n’a pas prononcé ce nom. Mais il avait l’air très sûr de lui quant à la fiabilité de l’information qu’il avait eue selon laquelle il faisait l’objet d’une machination. Il pensait qu’à l’approche des élections présidentielles, tous les coups seraient bons pour l’abattre, politiquement s’entend (…). Il m’a semblé que, dans son esprit, il s’agissait de l’empêcher d’être candidat aux élections présidentielles et que, par conséquent, cela ne pouvait venir que de son propre camp. »
Les deux juges d’instruction demandent alors à quelle date Nicolas Sarkozy lui a fait une telle confidence. Réponse de Charles Pasqua : « Je ne peux pas préciser davantage la date à laquelle j’ai eu cette conversation, mais c’était forcément avant que la presse ne se fasse l’écho du fait que son nom était cité sur ces listes Clearstream. Ce devait être lors du premier trimestre de l’année 2004, puisque je me souviens que lors de cet entretien, j’exerçais encore les fonctions de conseiller général des Hauts-de-Seine, où Nicolas Sarkozy m’a succédé fin mars ou début avril 2004. » Et l’ancien ministre de se rappeler que l’échange a eu lieu « lors d’une réunion de travail » au conseil général.
Mais les magistrats ne pousseront pas davantage leurs investigations et ne chercheront pas à vérifier la réalité des propos de Charles Pasqua…
Nicolas Sarkozy a, de son côté, toujours affirmé avoir découvert dans la presse que son nom figurait dans les listings falsifiés de Clearstream.
Source: Le Parisien